Une grande partie des enseignants de l'Etablissement Régional d'Enseignement Adapté (accueillant des handicapés du primaire au lycée professionnel) d'Eysines près de Bordeaux sont en grève ce mardi, car les classes de primaires vont être supprimées.
Alors que le Président Macron présente sa grande conférence nationale contre le handicap, 15 ans après la loi sur le handicap et les déclarations du gouvernement pour une scolarité inclusive, cette grève mobilise justement ces acteurs de l'accompagnement des jeunes handicapés au quotidien.
L'EREA est un établissement qui accueille près de 150 élèves porteurs d'un handicap essentiellement moteur, de la primaire au lycée professionnel. De l'enseignement "adapté" respectueux des niveaux scolaires mais aussi du rythme de chaque enfant grâce à des enseignants spécifiques et à l'assistance de personnels formés.
En grève contre la fermeture de classes "adaptées"
Ce mardi, les personnels de l'établissement ont entamé une grève reconductible à l'appel des sections locales CGT Educ’action et FSU de l’EREA de la Plaine.Ils dénoncent la restructuration de l’établissement envisagée par les services de la DSDEN33, donc du rectoratn qui se traduirait par la suppression des classes de primaire et la suppression de la 6° avec à terme la fin du parcours collège ordinaire à l’EREA.
Une démarche d'autant plus surprenante que, parmi les mesures annoncées par le gouvernement, des places supplémentaires dans les établissements spécialisés et un effort sur la scolarisation sont préconisées..
Nous demandons la suspension de ce projet afin de permettre une réflexion avec les équipes sur l’avenir de notre structure.
Nous refusons le démantèlement de notre établissement qui offre un cadre unique pour la scolarisation d’élèves en situation de handicap d’âges et de niveaux scolaires variés.
Ils réclament aussi d'être entendus, de bénéficier de leur relais officiel car ils ont demandé le 30 janvier dernier à rencontrer la rectrice de l’académie. Sans réponse de la part de l'administration.
Ce mardi matin, ils se sont rassemblés devant le rectorat de Bordeaux.
Car ils ne comprennent pas la logique et les bénéfices d'une telle telle démarche pour ces jeunes handicapés.En cette journée anniversaire de la loi de 2005, et alors que s’ouvre à Paris la conférence nationale du handicap, nous espérons pouvoir être reçus et obtenir la suspension des projets de démantèlement de notre établissement.
D'après Dominique Marchal, enseignant au lycée professionnel et représentant syndical CGT-Education :
Sans nous consulter, on nous supprime des classes : les deux classes de primaire et la 6ème !
"L'inclusion n'est pas possible pour tous"
Oui, l'inclusion c'est formidable ! Mais on constate qu'on a des élèves de retour d'inclusion qui viennent ici...
Pour certains c'est trop difficile... Il faut qu'on puisse s'adapter : tous les jeunes (handicapés). L'inclusion n'est pas possible pour tous.
Et puis, pour cela, il faut des moyens, pour ne pas ajouter à la difficulté des prof en classe "ordinaire" déjà en souffrance avec 30 élèves..
Ce sont des jeunes fragiles, avec des profils particuliers
Et ici, nous avons une expertise professionnelle, des classes réduites (10-12 élèves) pour cet enseignement adapté. On va se priver d'un outil formidable !
Notre établissement est nécessaire. Ce peut être un relai (avec les classes conventionnelles inclusives, NDLR), au moins temporaire, une passerelle...
Afin de marquer notre mécontentement et afin de nous faire entendre, nous serons devant le rectorat à partir de 11h00. En cette journée anniversaire de la loi de 2005, et alors que s’ouvre à Paris la conférence nationale du handicap, nous espérons pouvoir être reçus et obtenir la suspension des projets de démantèlement de notre établissement.
Des droits pour les scolaires handicapés
Dans l'article 19 de la Loi du 11 février 2005 , il est décrit le droit à une scolarité pour le jeune handicapé assuré et évalué par le service public.En septembre 2019, 361.000 élèves handicapés ont fait leur rentrée à l'école, soit 7% de plus qu'à la rentrée précédente.Le service public de l'éducation assure une formation scolaire, professionnelle ou supérieure aux enfants, aux adolescents et aux adultes présentant un handicap ou un trouble de la santé invalidant. Dans ses domaines de compétence, l'Etat met en place les moyens financiers et humains nécessaires à la scolarisation en milieu ordinaire des enfants, adolescents ou adultes handicapés.
Selon le gouvernement, 87% des élèves handicapés sont scolarisés à temps plein et notament dans ce type d'établissements.
Chaque année, les associations soulignent cependant les insuffisances des dispositifs mis en place, notamment pour un grand nombre d'enfants ne disposant d'un accompagnement qu'à temps partiel.